A deux mains

   

   

Le vase de Michelle

   

La première écrivaine écrit une première partie en     utilisant les mots soulignés.

   

La deuxième écrit une suite

   

   

                           D’où vient ce petit vase inconnu et solitaire qui gardera toujours son secret ? Quelle voix me l’a fait acheter sur ce marché du bout du monde ?

C’était en fin de journée, l’orage grondait, les éclairs se succédaient. Mon regard s’est attardé sur ce petit objet que j’ai acheté comme dans un rêve et qui me rassurait, mais pourquoi ? Je n’ai jamais su mais il est dans mon cœur pour toujours.

Micheline

Pour toujours ? Je le croyais jusqu’à aujourd’hui.  Il était posé sur mon buffet ce petit vase, souvenir de ce voyage inoubliable, attaché à mes souvenirs comme une bernique à son rocher, comme une lambrusque à son tronc d’arbre, comme une bolognaise à mes spaghettis. Mais voilà, aujourd’hui ma fille est venue me présenter son nouvel ami. « Maman tu vas voir, c’est le bonheur qui revient. » Après son divorce elle en avait besoin. Cependant je veux voir,  alors je n’ai pas sorti le champagne.

Ils sont arrivés avec une heure de retard. Première impression : il est très bien l’ami, bel homme, propre sur lui et même un peu endimanché… ça doit être pour la belle-mère. Quant à ma fille, elle est arrivée tout excitée, feu-follette dès le palier : « Maman voilà Marc et puis (silence) nous avons amené ses deux fils parce que c’est son week end de garde. »

Je n’ai rien dit, j’espère avoir donné le change, bonjour à tout le monde, direction le salon.

« Oh ! c’est très beau chez vous, très coquet, chaleureux. 

-Merci »  Je me demande surtout comment vont se comporter les deux moufflets du week-end, ils m’ont l’air montés sur ressort alors que leur père les a fait asseoir sur le canapé. J’ai sorti le Pinault des Charentes et du jus d’orange pour les rejetons. C’est bien assez, ils vont certainement en renverser partout.

« Je vais vous aider » s’est exclamé avec empressement le nouvel homme de la vie de ma fille. Il s’est précipité, a saisi le plateau, installé les verres dessus et Vlan ! D’un geste large il a fichu par terre tous mes petits objets qui trônaient sur le buffet. Bruit de casse. Paralysie générale. Puis on se précipite, on s’excuse :

« Mon dieu, suis-je maladroit. J’espère que ce sont de petits objets sans trop de valeur. Oh comme je suis désolé, c’était un souvenir de Grèce ? Ca tombe bien, il y a plein de répliques au Louvre, demain je vous en achète une. »

Je vais t’en coller de la réplique moi ! Je ramasse les morceaux de mon vase, les éclats de mes souvenirs et je souris jaune, très jaune, surtout quand j’entends  ma fille :

-« C’est pas grave, maman n’est pas du tout attachée aux objets. »