Soir pluvieux au métro Barbès
Soir pluvieux au métro Barbès
L'âme d'un tord-boyau
S’évade d’un litron et parle au mendigot
Vautré sur ses cartons à l’entrée du métro.
Entre soi on s’écoute.
Que s’rait un tord-boyau sur une table du 16ème ?
Mais au métro Barbès il a droit de cité
Des lettres de noblesse quand il vient consoler
Un sans-abri tassé avec son chien sur les grilles du métro
Qui soufflent un air puant mais bien chaud.
Viens, dit le tord-boyau
Embarquons pour Cythère
Viens, je suis Dyonisos
Je t’emmène en enfer
L’enfer où il fait chaud
Où ça sent bon la gnole
Où ça sent bon l’oubli
Où l’on voit dans ses rêves
Les portes du paradis
Et pas tous ces piétons
Indifférents, pressés, qui filent vers leur logis
Et ne te donnent à voir que des pieds qui s’enfuient.
Viens, dit le tord-boyau
On sera heureux tous deux
L’espace d’une gorgée.
Elle vaudra bien l'éternité ...
Elle vaudra bien l’éternité. »